21 août 2024

THOMAS LAURENT, LA RÉVÉLATION DUATHLON DE L’ANNÉE

Photos : World Triathlon

 

Double médaillé (or en relais mixte 2X2, bronze en individuel) du Championnat du monde qui s’est déroulé le 16 août dernier à Townsville (Australie), Thomas Laurent est la grande révélation du duathlon français cette année. Vous connaîtrez mieux le sociétaire d’Évreux Triathlon en lisant l’interview qui suit. 

 

Peux-tu te présenter succinctement ? 

J’ai 31 ans, je suis professeur d’EPS, j’habite entre Caen et Lyon, et je suis originaire de Normandie. 

Comment es-tu venu au triple effort et à quel âge ?

Je suis venu au triple effort vers l’âge de 20 ans. Issu de la natation mais peu en réussite, j’ai fait beaucoup de course à pied mais je me blessais souvent… Je me suis alors essayé au triathlon et j’ai adoré sa variété. L’entraînement croisé m’a permis de devenir plus performant tout en me blessant beaucoup moins !

Quel est ton volume hebdomadaire d'entraînement ? Comment fais-tu pour concilier entraînement pour le Duathlon et pour le Triathlon ? 

J’oscille entre 25 et 30h d’entraînement hebdomadaire. En gros, j’effectue les 3 sports tous les jours, tout en intégrant des séances qualitatives. Pour concilier duathlon et triathlon, c’est simple : je m’entraîne comme un duathlète, sauf qu’en plus je nage 1 h par jour ! J’ai choisi de faire un mi-temps annualisé cette année et je n’ai pas travaillé depuis janvier. Je sens clairement la différence en termes d’optimisation et de récupération !

T'entraînes-tu régulièrement avec ton frère Martin ? Quelles sont vos différences sur le plan sportif ? 

Comme je le disais précédemment, le fait de ne plus travailler me permet d’avoir une liberté géographique. Depuis début février, je m’entraîne en Normandie à Caen tous les jours avec mon frère qui est aussi mon coach.

C’est une force exceptionnelle que nous avons l’un comme l’autre. Il m’apporte un cadre et au fil des années m’a fait énormément grandir et progresser. 

Nous avons peu de différences sur le plan sportif et un niveau quasi similaire. Je suis un peu plus rapide à pied, sport par lequel nous finissons, ce qui explique que je termine régulièrement devant lui .

Comment expliques-tu ta progression en duathlon cette année ? As-tu mis un peu de côté le triathlon ?

Je l’explique par le fait de m’être dédié à 100 % dans mon sport depuis 6 mois maintenant. Je dors entre 9 et 10 h par nuit, je ne piétine plus au boulot dehors toute la journée. La récupération me permet de progresser et surtout de ne plus me blesser. 

J’ai aussi la chance que mon frère soit un excellent entraîneur. Je lui accorde une grande confiance et c’est pour moi fondamental pour progresser. Nous avons trouvé une manière de fonctionner avec une routine d’entraînement qui nous correspond. Nous avons beaucoup bossé sur la résistance musculaire, et je cours beaucoup plus vite après le vélo cette année. 

Je n’ai pas du tout mis de côté le triathlon, et j’ai de belles ambitions sur les Lindahls Pro+ de septembre. Je suis très fier de ma 17e place lors de la D1 triathlon de Metz.

Tu as connu ta première sélection internationale lors du championnat d'Europe de Coimbra. Etais-tu impressionné de te retrouver à un tel niveau ? Avais-tu été satisfait par ta 7e place ?

Quelle fierté j'ai ressenti lors de ma première sélection aux championnats d’Europe de Duathlon. Oui j’étais impressionné et aussi pas mal stressé. Pour autant, ce sont les mêmes concurrents qu’en D1, sauf que la course est beaucoup moins dense, donc un piège à vélo est vite arrivé. Sur le coup j’étais déçu d’avoir fini 7e (et 4e français sur 5), mais c’était mon niveau ce jour là, donc je l’ai vite accepté.

Quel était ton objectif pour le championnat du monde ? Le podium te semblait-il accessible ?

Je rêvais d’un podium, car j’ai effectué un très bel été avec un stage intensif à Font-Romeu. Donc oui, le podium me semblait accessible. Mais tout peut aller vite en duathlon, cela se joue aussi sur des détails. 

Au final, es-tu satisfait par ta course ? Qu'as-tu ressenti quand tu as franchi la ligne d'arrivée ?

Je suis très satisfait de ma course, car j’estime être à ma place. Les deux premiers Javier et Benjamin ont couru plus vite lors de la deuxième course à pied. Bravo à eux ! 

J’ai ressenti plein d’émotions incroyables : une immense fierté, une consécration… J’ai aussi pensé à mes proches qui me soutiennent, à mon frère, à ma copine et à tous les efforts que j’ai fournis chaque jour à l’entraînement. C’était une superbe récompense.

Tu as ensuite été sélectionné pour le relais. As-tu été surpris sachant que Benjamin Choquert avait terminé devant toi en individuel ?

J’ai été sélectionné car Benjamin Choquert a choisi de me céder sa place. En tant que premier français, il était l’homme prioritaire. J’ai donc été agréablement surpris. Je lui ai demandé : « t’es sûr? ». Il m’a répondu : « oui oui ! ». J’ai donc accepté en étant déterminé à tout donner pour l’équipe !

Marion et toi avez gagné facilement le relais. Tu as donc dû savourer ta victoire. Que représente pour toi ce succès ? 

Nous avions une belle bataille à mener contre la Belgique. En tête lors du premier relais de Marion, nous avions déjà 15 secondes d’avance, lorsque Jeanne Dupont (Belgique) est malheureusement tombée à vélo. 

Notre avance était ensuite solide même en bataillant contre l’Angleterre et le Japon. 

J’ai savouré cette victoire et j’étais super content de la partager avec Marion, qui avait déjà brillé deux jours plus tôt en individuel.

Ce succès représente une confirmation de ma course individuelle, car dès le premier relais Arnaud Dely (récent champion d’Europe) n’a pas réussi à se débarrasser de moi. Je me suis senti serein et très en forme ! C’est surtout un titre de champion du Monde. L’Australie restera un merveilleux souvenir : 2 courses, 2 podiums ! 

Comment ton frère a-t-il vécu tes courses en Australie ? Pourra-t-il lui aussi arriver au même niveau que toi ?

Il répondrait mieux que moi à cette question, mais je pense qu’il était très fier de moi et très content pour moi. Nous sommes frères avant tout, et bien que rivaux, c’est aussi la consécration de son travail d’entraîneur. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est grâce à lui ! 

Je pense qu’il pourra atteindre le même niveau que moi. Il est plus jeune et nous avons, selon moi, les mêmes qualités. L’avenir nous le dira, mais je sais qu’il ira loin ! 

Penses-tu être en mesure d'élever ton niveau en Triathlon ? Quels seront tes objectifs dans cette discipline ?

Oui, je le pense, et je l’ai déjà élevé cette année lors des manches du Lindahls Pro+ Triathlon Séries. L’objectif est simple : poser dans le premier pack à vélo lors de la 2e transition. Je suis encore juste en natation, mais je travaille beaucoup, et j’en ressens déjà les progrès. Il faut juste être patient et croire en son projet !

J’aimerais réaliser un premier Top 10 sur l’une des dernières manches pour pouvoir ensuite participer à des Coupes d’Europe. 

Quels vont être tes objectifs pour le reste de la saison ? 

Ma saison est déjà plus que réussie ! Il faut d’abord récupérer de l’aventure australienne.

Ensuite, il me restera 4 manches de D1 (2 en duathlon et 2 en triathlon) avec la Team d’ Évreux. J’aimerais refaire un podium en duathlon et valider mon Top 10 en Triathlon. Je dis ça à titre individuel, mais je pense surtout à mon club, avec qui nous sommes pour le moment 2e au général en Duathlon, et 10e Triathlon. Pour la D1 triathlon, il faut se maintenir et les places sont chères. 

Le mois de septembre s’annonce chargé, mais j’adore ça ! 

Peut-être aurai-je le courage de terminer ma saison par un half, mais pas sûr.

Ensuite ce sera une coupure sportive bien méritée et savourée !