Se former à l’aisance aquatique : un atout pour les éducateurs et les clubs
Du 16 au 20 novembre 2020, la F.F.TRI. en partenariat avec le CREPS de Vichy, organisait une formation à destination des éducatrices, éducateurs de triathlon professionnels sur le thème de l'aisance aquatique.
Ce dispositif est porté par l'Agence Nationale du Sport (ANS) et le Ministère des Sports afin de lutter contre les noyades.
Au cours de cette semaine, une vingtaine d'entraineur.e.s ont expérimenté l'apprentissage du milieu aquatique auprès de jeunes enfants. La F.F.TRI. s'inscrit dans la construction des jeunes citoyens tout en permettant aux éducateurs de se former.
Jessica BECKEL faisait partie des personnes invitées, elle vous présente ce dispositif ambitieux qui propose une approche rénovée du milieu aquatique.
Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre club d'appartenance ?
Jessica, adhérente de la section triathlon Paris Sport Club depuis 8 ans, c’est dans ce club affilié à la F.F.TRI. que j’ai découvert les activités enchaînées.
Implanté au cœur du vingtième arrondissement parisien, ce club omnisport dispose d’une section triathlon depuis une trentaine d’années. Cette section s’est développée de manière exponentielle ces cinq dernières années. L’effectif de triathlètes adultes a doublé, une école de triathlon a été créée il y a trois ans ainsi qu’une section santé il y a deux ans.
Je me suis progressivement investie en tant qu’encadrante bénévole et salariée. Comme beaucoup d’autres membres du club, j’ai suivi les formations fédérales (BF5, BF4 et actuellement les modules du BF3) ainsi que la formation DEJEPS perfectionnement sportif mention triathlon.
Une classe bleue ou un stage bleu, de quoi s'agit-il ?
Différentes études menées par les services de l'Etat ont montré que la noyade est la principale cause de mortalité chez les enfants de moins de 6 ans.
Les classes bleues (cadre scolaire) ou les stages bleus (cadre péri et extrascolaire) constituent des apprentissages précoces sur le thème de l'aisance aquatique.
Les enfants âgés de 4 à 6 ans bénéficient de 8 séances massées (regroupées sur une ou deux semaines) en grande profondeur, sans matériel de flottaison.
Trois paliers sont établis selon l’âge des enfants, pour leur permettre de prendre conscience du fait que leur corps flotte dans l’eau :
- 4 ans : entrer, se déplacer en immersion et sortir seul de l’eau.
- 5 ans : sauter ou chuter dans l’eau, se laisser remonter, flotter et regagner le bord pour sortir seul.
- 6 ans : entrer dans l’eau par la tête, parcourir 10 m en position ventrale tête immergée, flotter sur le dos et regagner le bord pour sortir seul.
A l’issue de la classe ou du stage bleu, les enfants sont donc suffisamment à l’aise dans l’eau pour qu’elle ne constitue plus un danger pour eux.
Sur la première séance, où se situait le niveau d'appréhension de l'eau des enfants ?
Lors de la classe bleue que nous avons vécue, j’ai trouvé que les enfants de moyenne section avaient une appréhension toute relative de l’eau lors de la première séance.
La plupart n’ont pas hésité longtemps avant de se mettre à l’eau, et ont fait confiance aux adultes qui les encadraient.
Certains, réticents lors de la première journée, ont énormément gagné en aisance au cours de la semaine.
Cependant, en tant qu’enseignante auprès d’un public d’enfants souvent éloignés de la piscine, il m’est arrivé d’être confrontée à des appréhensions bien plus grandes, y compris chez des enfants plus âgés (élémentaire, soit 6 à 9 ans).
Certains élèves ont besoin de plusieurs séances avant d’oser entrer dans l’eau jusqu’aux épaules, même accrochés au bord et avec la présence d’un adulte dans l’eau.
Est-ce que vous conseilleriez de suivre ce type de formation à un.e entraîneur.e ?
Oui, je le conseille vivement à plusieurs égards.
D’abord, la formation permet aux participant.e.s d’acquérir des connaissances sur un public très jeune, plus jeune que celui auquel les entraîneur.e.s sont généralement confrontés, notamment sur la construction du schéma corporel ou encore les besoins des enfants 4 à 6 ans.
Ensuite cette formation amène à questionner la posture d’éducateur.trice, la place que l’on prend au bord du bassin, la durée et la pertinence des consignes que l’on donne, autant de choses qui permettent d’évoluer et de s’améliorer.
Enfin, cette formation était animée par des professionnels de l’aisance aquatique, mais aussi de la natation au sens large, aux connaissances vraiment très poussées en la matière. Cela n’a fait que rendre plus riches les expériences vécues et les connaissances apportées.
J’ajouterais pour finir que c’est une rare opportunité de partager cette semaine de formation avec des entraîneur.e.s d’autres ligues et avec des membres de la fédération française de triathlon.
Pensez-vous décliner une classe ou un stage bleu au sein de votre club ?
Oui, le sujet a été évoqué la semaine dernière en conseil d’administration, et tant la présidente du club omnisports que le vice-président chargé de la section triathlon sont partants.
Nous allons organiser une semaine de stage bleu au cœur du QPV de Paris (Portes du Vingtième) où se situent les équipements dans lesquels ont lieu les entraînements club, lors de la première semaine des congés d’avril.
Ce stage sera probablement couplé avec un stage axé sur le savoir-rouler à destination des enfants d’élémentaire (l’avantage d’être affiliés à la fédération française de triathlon !).
Au-delà du club, j’ai proposé à la conseillère pédagogique de la circonscription que le club et la ligue participent à la mise en place de classes bleues pour les élèves d’écoles maternelles. Nous sommes dans l’attente de son retour.