RETOUR SUR LES JO DE PARIS 2024 AVEC UNE VOLONTAIRE, SABINE DAMIENS

Photos : Sabine Damiens

Sans la contribution des 45 000 volontaires, les Jeux Olympiques de Paris 2024 n’auraient pas connu un tel succès. Parmi eux figurait Sabine Damiens (1re à gauche sur la photo), bien connue dans le milieu du triathlon. 

Tout d'abord, peux-tu déjà te présenter succinctement pour ceux qui te ne connaîtraient pas encore ?

J’ai 2x29 ans, je suis licenciée FFTRI à Lille Triathlon et je réside en Ardèche,. Je suis co-organisateur du Triathlon des Gorges Ardèche et Gard. Je suis agent de développement du Comité Drôme-Ardèche de Triathlon depuis 2018. Ma mission est de développer ce sport sur le territoire.

Depuis quand es-tu présente dans le milieu du triathlon ? Comment avais-tu découvert ce sport ?

Je suis investie dans le monde du Triathlon depuis 1984, toujours comme bénévole 😉  J’ai vu se construire la fédération, les épreuves, les appellations...

Mon conjoint a découvert ce sport après un problème de genou (il faisait du foot) et il n'était pas question pour moi de rester au bord de la route. Je devais être active, très vite je me suis investie avec la Ligue Nord-Pas-de-Calais et voilà j'ai mis le doigt dans l'engrenage et n'en suis jamais sortie.

Peux-tu nous résumer les différentes fonctions que tu as eu dans le triathlon ? 

J’ai été longtemps arbitre, et formateur d'arbitres dans ma ligue (Les Hauts-de-France) pendant plus de 20 ans. Je me suis ensuite formée pour être Délégué Technique fédéral et accompagner les organisateurs qui portent des labels FFTRI, type "Championnat de France". Je préfère cette mission qui permet de prendre le temps de comprendre la volonté d'un organisateur et de lui permettre de prendre le recul nécessaire sur son événement qui peut être stressant compte tenu de l'enjeu.

Pourquoi as-tu souhaité être volontaire pour les JO de Paris 2024 ? 

Au tout début, je me suis inscrite pour accompagner des jeunes bénévoles de Drôme-Ardèche que nous avions formé avec le Comité et espérions qu'ils soient retenus. Malheureusement, cela n'a pas été le cas, c'est dommage.  J'ai continué de m'investir sur le Test Event de Paris en août 2023, par curiosité d'organisateur. Je voulais voir de l'intérieur les rouages d'une organisation internationale d'envergure, et de fil en aiguille, je me suis prise aux jeux. 

L'équipe de 5 personnes bénévoles (Quentin M, Clément D, Quentin A, Patrice G et moi-même), toutes issues du monde du Triathlon et venant des 4 coins de France a bien fonctionné avec le coordinateur (Jean P) pour gérer les aid-stations et wheel-stations. Ce dernier a souhaité renouveler l'expérience avec nous pour les JO 2024 (si nous étions d'accord et disponibles bien sûr).

Quelle mission t'a-t-on confié ? L'as-tu choisie ?

Je suis Team Leader / Chef d'équipe d'un poste de ravitaillement en Course à pied (parcours Triathlon). Cette mission m'a été confiée après l'avoir déjà tenue lors du Test Event de 2023. Je l'ai été sur les JO et le serai sur les Jeux paralympiques. Cela consiste à mettre en place la zone de ravitaillement, réceptionner le matériel et former/guider les bénévoles qui sont nommés sur ce poste (ils sont chaque jour différents, sur les jours de familiarisation et les jours de course).

Quand as-tu commencé à plancher sur cette mission ? As-tu suivi une formation ?

Le Test Event était une bonne mise en jambe pour identifier ce qu'il fallait faire et à qui il fallait répondre par rapport aux attentes de l'organisation (il y a beaucoup de niveaux de responsabilités différents avec des tâches différentes selon les niveaux).  L'expérience de Délégué Technique fédéral et d'organisateur me permettaient d'avoir les clés pour savoir ce qu'il fallait faire. J'ai aussi reçu des informations de Paris 2024 sur mon espace en ligne et de World Triathlon par mail, et surtout j'ai apprécié de fonctionner avec Jean P, le coordinateur technique du parcours, qui a managé cette équipe de 5/6 Team Leaders, avec beaucoup d'efficacité, d'écoute et de reconnaissance.

Peux-tu nous détailler dans le détail ta journée durant les compétitions ?

La session démarre à 5 h du matin (selon ton lieu d'hébergement, tu démarres ton déplacement vers 4 h du matin : noctilien +trottinette pour moi), directement sur place. Cela te laisse jusqu’à 6h du matin pour t'assurer que les volontaires attendus seront bien présents. En parallèle, tentes, tables et panneaux sont installés. Tu réceptionnes containers poubelles, glacières, bouteilles d'eau, glace, couverture de survie (en cas d'abandon)... 

Tu organises la station (répartition des bouteilles, remplissage des sacs de glace) et surtout tu échanges avec les volontaires nommés sur ce poste. 

Tu apprends à les connaître : pourquoi ils sont là, d'où ils viennent, est-ce qu'ils connaissent le triathlon, est-ce qu'ils ont déjà eu d'autres missions ? 

Enfin tu leur expliques ce que l'on attend d'eux, on fait quelques essais pour tendre les bouteilles correctement et savoir identifier l'athlète qui va prendre l'eau ou la glace (cette répétition-découverte est un moment d'échanges très sympa).

Ensuite vers 7h il y a l'échauffement, les passages tests des motos, la mise en place des caméras. 8 h le départ, nous sommes informés, nous sommes rivés sur le téléphone (merci France TV). Nous restons en retrait le temps du parcours vélo. C'est l'occasion de profiter du spectacle (si il n'y a pas de chute) et dès que nous sommes informés du passage du dernier vélo, il faut se mettre en place, être prêts !  

Après la course, il faut ranger et rester en place sur le parcours encore un peu plus d'une heure, le temps que tout soit démonté et récupéré en sécurité pour tous. 

C'est alors le moment de dire "au revoir" à des gens que l'on ne reverra jamais et d'autres avec lesquelles on gardera le contact, par réseaux sociaux interposés ou au hasard d'une course en France. La session se termine vers 12 ou 13 h.

Qu'as-tu apprécié dans ta mission ? 

Avant tout, cette expérience est une aventure humaine. Je retiendrai les sourires et la bienveillance de tous, les rencontres de tous âges, tous milieux, tous pays, tous horizons parmi les intervenants, volontaires ou non. Ce qui m'a déplu c'est de ne pas avoir plus de tâches à faire, c'est frustrant (je suis une hyper active).

As-tu eu l'occasion d'assister à des compétitions sportives ? 

Oui en dehors du Triathlon, j'étais sur le site du Tir à l'Arc et vu le skate de loin. Les autres sports, je les ai beaucoup suivis à la TV.

Quelles images garderas-tu de ces JO ? 

Le public en grand nombre, particulièrement respectueux. Également des sites tirés à 4 épingles, joliment décorés. Ce que je regrette c'est l'absence de solution d'hébergement par le COJO. Pour ma présence à Paris, le logement, le repas et les déplacements sont à ma charge. C'est aussi une belle revanche pour montrer que l'investissement pour le sport que tu défends peut être désintéressé. Certains se reconnaîtront 😉