Retour sur le stage de l’équipe de France de para triathlon à Lanzarote
Photo : James Mitchell
Une dizaine d’athlètes de l’équipe de France de para triathlon a effectué un stage de quinze jours à Lanzarote. Nicolas Becker, entraîneur national et coordonnateur de l'Équipe de France de para triathlon fait le bilan de ce stage et dévoile les objectifs des Bleus pour 2022.
Pourquoi avais-tu choisi Lanzarote comme lieu de stage ? Où étiez-vous hébergés ?
Nicolas Becker : En partant de l'objectif des Jeux Paralympiques de Paris 2024, nous avons déroulé un rétroplanning afin de permettre aux sportifs identifiés de se préparer dans de bonnes conditions. Le débriefing de Tokyo a bien démontré combien les stages étaient des éléments fondateurs du projet de performance para triathlon. Nous voulions trouver un nouveau site pour le stage hivernal, avec une marge de sécurité importante.
Lanzarote est une base d'entraînement bien connue pour le triathlon. J'y étais déjà venu en stage à titre personnel il y a... 20 ans. Pour cette opération, nous avons surtout tiré profit de l'expérience plus récente de Cyril Viennot qui m'a aidé dans le montage de ce stage. Nous avons opté pour le site de Costa Teguise avec un hôtel situé en face du bassin olympique. La proximité avec l'aéroport et les multiples possibilités de parcours sont des atouts clés de la réussite de ce stage. Enfin, le fait de croiser toute la journée des nageurs et des triathlètes de haut niveau baigne le groupe dans une ambiance de performance.
Sur quels critères avaient été choisis les participants à ce stage ? Qui encadrait ce stage ?
Nicolas Becker : Nous avons appliqué les consignes annoncées en début d'année et mises en place en collaboration étroite avec l'Agence du Sport, la DTN et les élus de la F.F.TRI.. Le principe est de mettre en place un système d'accompagnement ciblé en direction de profils identifiés comme étant les plus performants dans leurs catégories respectives. L'analyse est factuelle. Seuls deux sportifs n'ont pas pu nous rejoindre pour des raisons familiales évidentes : Jules Ribstein et Antoine Perel (ainsi que son guide Olivier Lyoen).
Ensuite, des sportifs sont identifiés dans le cadre de la relève et peuvent bénéficier d'un soutien important afin de favoriser leur accession au haut niveau.
L'idée est bien de mieux accompagner les plus forts potentiels, sans oublier les profils émergents. L'enjeu est fort pour Paris en 2024.
Attention, cela ne signifie pas que les autres paratriathlètes sont délaissés car il y a de la qualité et de la densité dans le collectif France.
Les prochaines actions seront à visées plus larges : évaluations de terrain en mars et stage de pré-saison à Montegordo (POR) fin avril.
L'encadrement technique était assuré par Cyrille Mazure, Nicolas Pouleau et moi-même. Le staff est systématiquement renforcé par la présence d'un kiné ostéo. A Lanzarote, c’est Anne Gouron qui a assuré les soins.
Quel était l'objectif de ce stage ? Combien de temps a-t-il duré ?
Nicolas Becker : L'objectif initial était tout simplement de casser la monotonie de l'hiver en proposant un stage propice à une augmentation du volume d'entraînement lors d'une période charnière de développement. Par expérience, on mesure bien l'effet bénéfique que peut produire un tel rendez-vous dans un tel lieu pour un sportif (avant, pendant et après). Physiquement et mentalement, c'est important.
Pour le staff, ces regroupements sont essentiels afin de suivre au mieux les évolutions et apprendre à connaître les sportifs de plus près. On en profite pour procéder à des relevés quotidiens de paramètres physiologiques.
On part de la finalité et on sait que lors des échéances mondiales (Championnat du Monde et Jeux Paralympiques), nous fonctionnons en bulle semi fermée autour de l'équipe de France. On a bien vu à Tokyo que tout ne se passe pas toujours comme prévu; le fait de bien se connaître permet de désamorcer les tensions. Quoi de mieux que des périodes répétées de mise en situation pour s'y préparer?
Dans quel état de forme as-tu trouvé les athlètes ?
Nicolas Becker : Je suis vraiment satisfait du comportement de l'ensemble des sportifs présents, tant au niveau de l'engagement que des séances réalisées. Nous n'avons pas voulu mettre trop de pression car la saison sera longue avec un championnat du monde en novembre. Pour autant, le stage était copieux et il a été bien assimilé. J'en veux pour preuve la compétition de handbike à laquelle Mona Francis et Louis Noël ont participé en fin de stage (CLM de la Vuelta Playa Blanca). Malgré la fatigue, ils ont établi tous les deux leurs records de watts sur 10', ce qui constitue un très bon signal.
Le constat est clair : nous augmentons chaque année le niveau d'exigence et les sportifs y répondent de mieux en mieux.
Il faut noter qu'Alexis Hanquinquant a été impressionnant. Il est déjà sur des bases supérieures à 2021.
Quelle était la journée-type du stage ?
Nicolas Becker : La journée type était la suivante :
- 7h30 : petit déjeuner
- 9h : course à pied,
- 11h-12h30 : natation
- 13h : repas du midi
- 15h : sortie vélo pour 2 ou 3h en fonction des groupes
- fin de journée : soins kiné et dîner entre 19h30 et 20h30
Compte tenu de la période, nous avons choisi de maintenir 1 séance de renforcement musculaire en salle et de placer une intensité sur piste en course à pied par semaine.
Comment les petits nouveaux se sont-ils intégrés au groupe ?
Nicolas Becker : Louis Noël (PTWC) et Paul Lloveras (PTVI) sont les deux sportifs les plus jeunes du collectif avec un profil à mi-chemin entre la relève et l'équipe de France. Nous les suivons déjà respectivement depuis 2020 et 2021. L'intégration est donc naturelle. Ils apportent de la fraîcheur, de l'envie et aussi de la performance car ils présentent de vrais qualités. Ce partage d'expérience avec un groupe plus aguerri est un accélérateur de progression indéniable.
Quel bilan fais-tu de ce stage ?
Nicolas Becker : J'aime bien prendre le temps de laisser quelques jours au retour à la maison pour analyser avec du recul et discuter avec les entraîneurs personnels de leur ressentis sur le retour à l'entraînement des sportifs.
Cependant, je pense dès à présent que ce stage a bien fonctionné et j'envisage de le reproduire sous une forme similaire l'année prochaine à cette même époque. Nous avons déjà noté quelques ajustements à faire pour améliorer encore plus les conditions d'entraînement.
Quand auront lieu les prochains stages ? Qui y sera convié ?
Nicolas Becker : Pour commencer, nous avons rendez-vous à Cannes d'ici un mois avec 25 sportifs dont 5 guides PTVI pour des évaluations de terrain. Juste après, mon collègue Philippe Fattori organisera un regroupement du collectif relève à Fréjus. Ensuite, fin avril, nous invitons en stage au Portugal l'ensemble des sportifs membres de l'équipe de France et les profils les plus prometteurs (soit une vingtaine d'athlètes).
Un stage en altitude sera organisé durant l’été et un autre en fin de saison pour la préparation terminale pour les sélectionnés au championnat du monde d'Abu Dhabi (UAE).
Nicolas Becker : Quelles seront les premières compétitions pour les athlètes ?
Nicolas Becker : Le triathlon S de Montélimar mi-avril (vague spécifique para triathlon) sera une bonne répétition avant les premières courses internationales. Mais c'est également la compétition qui servira de repère pour compléter la sélection pour le championnat d'Europe qui aura lieu fin mai en Pologne.
La world series (WTPS) de Yokohama (JAP) mi-mai est au programme de certains athlètes. Nous restons toutefois prudents car le doute plane toujours sur le maintien de cette épreuve.
Globalement tous les paratriathlètes seront au départ d'une Coupe du Monde (WTPC) en juin : la plupart à Besançon et quelques-uns à La Corogne (ESP).
Quels seront les objectifs majeurs de l'année ?
Chaque année, nous devons faire honneur lors des grands championnats : Europe et Monde. Cette saison est particulière avec un objectif européen qui arrive assez tôt dans le calendrier et un objectif mondial qui arrive très tard.
Je mise donc également sur la World Series (WTPS) de Swansea (GBR) début août pour que les paratriathlètes français puissent s'exprimer pleinement.
Au-delà des résultats, nous attachons une grande importance au suivi des performances et à la progression individuelle des sportifs.
Avec une paralympiade réduite d'une année, il ne reste que peu de temps pour se développer avant les Jeux de Paris. Les 15 prochains mois doivent permettre de passer des caps, de mettre en place des routines solides pour se préparer à la période de qualification qui va démarrer en mai 2023. Il faut rapidement grappiller des places dans la hiérarchie mondiale. Chaque occasion sera bonne à prendre.