Jeux Paralympiques : Quel rôle joue le handler ?
Pour en savoir plus, la F.F.TRI. a interviewé Cyrille Mazure, conseiller technique national qui fera partie des handlers qui officieront aux Jeux Paralympiques de Tokyo.
Peux-tu te présenter succinctement ?
Cyrille Mazure : J'ai 48 ans, je suis marié et père d'un garçon, qui a presque 11 ans. Je vis à La Roche-sur-Foron en Haute-Savoie.
Peux-tu nous rappeler succinctement ton passé de triathlète de haut niveau ?
Cyrille Mazure : J'ai pratiqué le triathlon de 1987 à 2009 et ai été triathlète sur liste ministérielle de Haut-Niveau de 1998 à 2009. J'ai participé à 3 championnats d'Europe Courte Distance et à 1 championnat du Monde Longue distance, une dizaine de coupe du monde (10ème à Hambourg en 2007) et j'ai quelques victoires et podiums en coupe d'Europe.
Depuis quand collabores-tu pour la Direction Technique Nationale ? Quelle est la nature de ta mission aujourd'hui ? Depuis quand travailles-tu avec les paratriathlètes ?
Cyrille Mazure : Je suis Conseiller Technique Sportif, cadre d'Etat du Ministère des Sports depuis 2009. Dès l'obtention de mon concours, j'ai intégré la Direction Technique Nationale conduite par Frank Bignet. Ma première mission a été de poursuivre le développement de la pratique pour les personnes en situation de handicap. Frank m'a également très vite (2010) confié la responsabilité de la logistique des différentes équipes de France. Ce sont toujours mes principales missions. Je travaille également avec Nicolas Becker au sein de l'Équipe de France de para triathlon dont il a la charge depuis 2013. Enfin, je suis responsable des classifications des paratriathlètes au niveau national.
Cyrille Mazure : Le rôle du handler, ou assistant de transition en français, est de permettre à un athlète de pouvoir réaliser l'ensemble de l'épreuve lorsque son handicap ne le permet pas. Si un athlète, du fait de son handicap, ne peut pas réaliser toutes les étapes de l'épreuve, alors il se voit attribuer le droit d'être aidé. L'assistant de transition n'a pas pour rôle de favoriser la performance mais de la permettre, mais il est évident qu'il la favorise aussi.
De manière très concrète, les assistants de transition concernent essentiellement les athlètes à qui il manque les 2 membres supérieurs et les athlètes en fauteuil. Aider à enlever la combinaison, pousser le fauteuil de vie entre la sortie d'eau et la zone de transition si la pente est trop importante, aider aux transferts entre le fauteuil de vie et le handbike et entre le handbike (T1) et le fauteuil de course (T2). La réalisation de ces actions impacte donc aussi la performance en fonction de l'efficacité avec laquelle elles sont réalisées. Par exemple, quand un ou une assistant(e) de transition doit pousser un fauteuil (pente ou sol meuble), il (elle) participe à la performance. Par contre, il (elle) ne peut pas pousser le fauteuil sur un sol roulant. Tout cela est bien défini et délimité au moment de l'exposé de course.
Permettre la pratique la plus autonome possible est une valeur importante dans le monde du handicap et donc dans le paratriathlon. Aussi avec l'évolution de la discipline, les assistants de transition sont de moins en moins présents. Et les athlètes réalisent parfois qu'ils sont capables de s'adapter plus qu'ils ne le pensaient. Avant 2015, presque tous les athlètes pouvaient avoir un assistant, puis la réglementation est devenue plus drastique. Sans assistant, des athlètes ont pensé qu'ils ne pourraient pas enlever leur combinaison ou mettre leur casque d'une seule main par exemple. Puis ils ont réalisé qu'ils se mettaient eux même des barrières, qu'ils sous-estimaient leur autonomie… Un bel exemple de ce que le sport peut nous apporter.
Cyrille Mazure : Il n'y a pas de formation. Je ne sais même pas si on doit parler de formation car le rôle et les actions de l'assistant de transition sont liées à l'athlète qu'il ou elle aide. Nous parlons plutôt d'entraînement. Les athlètes en fauteuil s'entraînent en transition comme le font les athlètes valides, sauf que c'est un entraînement à 2. Nous testons des binômes, des techniques. Et une fois sur place, nous nous adaptons ou mettons en place les choses en prenant en compte la configuration du parcours et des zones de transitions.
Est-ce que j'ai beaucoup d'expérience ?
Cyrille Mazure : Je ne sais pas. Je pense par contre faire partie de ceux qui en ont le plus compte tenu de mon implication dans le projet para triathlon depuis 2009.
Quel athlète accompagneras-tu à Tokyo ? As-tu fait des répétitions avec lui ?
Cyrille Mazure : Il y a des chances que j'assiste Alexandre Paviza. Mais, compte tenu du contexte, nous nous sommes préparés à tout. Je suis capable d'aider Mona Francis comme Ahmed Andaloussi et mes collègues également. Nous pratiquons, les uns et les autres, avec les différents athlètes à chaque occasion (stages, compétitions). Nous sommes interchangeables même si, dans la mesure du possible, nous construisons des binômes à l'avance, en concertation avec les athlètes. À l'approche de la compétition, nous révisons tout cela, nous répétons les gestes. C'est évidemment également prévu dans le cadre des Jeux Paralympiques.