Jeux Paralympiques : Le Bronze au sprint pour A.Curzillat et C.Boursez
« J’y crois pas, c’est dingue ! » Sur la ligne d’arrivée, le souffle encore court, Annouck Curzillat ne réalise pas, trop occupée à hurler sa joie. Au bout d’une interminable dernière ligne droite, encouragée par sa guide Céline Bousrez, elle est allée chercher ses ultimes ressources, ses ultimes forces, au plus profond d’elle-même, pour résister au duo britannique, à peine quelques foulées derrière.
Quatrième à la fin de la natation et toujours quatrièmes à mi-parcours de la course à pied, la Haute-savoyarde de 29 ans, a d’abord repris la Canadienne Jessica Tuomela, troisième des derniers mondiaux dans les derniers kilomètres. Elle a ensuite su résister au retour de l’Anglaise Alison Peasgood, vice-championne olympique à Rio et championne du monde 2014 et 2016.
Licenciée au CRV Lyon Triathlon, Annouck Curzillat souffre d’une cécité congénitale suite à une rétinite pigmentaire. Céline Bousrez, 43 ans, a débuté par la course à pied (2h53 au marathon) avant de se lancer sur le triathlon (1ere de sa catégorie sur l’Ironman d’Hawai en 2014 et multiples titres nationaux sur duathlon). En équipe de France depuis 2019 (4e des Championnats d’Europe 2019), Annouck Curzillat et Céline Bousrez signent là leur meilleur résultat international. Le jour J. A l’instar des grandes championnes !
« C’est un jour plus que spécial dans ma vie, explique Annouck, masseur-kinésithérapeute. Participer c’était déjà un truc fou.
Quand j’ai débuté et qu’on m’a dit qu’un jour je serai aux Jeux paralympiques, j’ai répondu ‘’oui oui dans tes rêves’’. Après je me suis dit que si je faisais 4 ou 5 ce serait génial.
Mais 3… c’était possible mais c’était loin d’être gagné. En plus au Japon où j’ai eu des déboires il y a trois mois, c’est top. »
Dans la course masculine réservée aux déficients visuels, Thibaut Rigaudeau et son guide Cyril Viennot arrivent au pied du podium après avoir tout donné. Partis avec 3’21’’ de retard sur le premier groupe (départ décalé en fonction de l’importance du handicap), ils ont grignoté une grande partie de leur retard au fil de la course. Huitièmes à 3’06’’ après la natation, cinquièmes à 2’13’’ après le cyclisme, il n’aura finalement manqué « que » 28 secondes à Thibaut Rigaudeau pour aller chercher la médaille de bronze.
Antoine Pérel et son guide Olivier Lyoen, prennent une bonne 6e place à 2’33’’ du vainqueur américain Brad Snyder, en tête du début à la fin de l’épreuve.
Nicolas Becker, entraîneur national Para Triathlon élite :
« La dernière ligne droite d’Annouck, c’était dingue, raconte Nicolas Becker. Nous savons qu’elle peut avoir du mal si elle sait que ça revient derrière. La consigne était donc de ne rien lui dire sur le retour de l’Anglaise et plutôt d’axer notre discours sur l’Italienne à aller chercher devant. Mais nous savons aussi qu’elle est très forte au sprint sur les 200 derniers mètres et que même si l’Anglaise était revenue, elle avait les moyens de la repasser. Thibaut a aussi fait une super course comme Antoine d’ailleurs. Disons que la pièce est retombée du bon côté pour Annouck et du mauvais pour Thibaut avec cette 4e place. Il est déçu car il est encore jeune mais il n’a rien à regretter. Comme tous ceux engagés aujourd’hui.
Nous avions sept membres de l’équipe aujourd’hui et tous ont réussi leur course. Personne n’est passé à côté. On peut savourer. Ces prestations démontrent notre force collective. Celle des athlètes bien sûr mais aussi de l’encadrement et de tous ceux qui travaillent sur ce projet.
Cette première journée va booster tous les autres et libérer de la bonne énergie. Elle montre que notre préparation a été bonne et ça va rassurer tout le monde. »