Interview de Michael Herter, nouveau visage du Para Triathlon français
Photo : World Triathlon
Troisième de la WTPS de Swansea dans la catégorie PTS3 le 6 août dernier, Michael Herter fait partie des paratriathlètes français. Voici une interview qui vous permettra de mieux le connaître.
Peux-tu te présenter succinctement ?
Michael Herter : J’ai 36 ans, je vis en Alsace (Wattwiller) et je suis célibataire. Ancien carreleur, j’ai entrepris une reconversion professionnelle en tant qu’animateur social suite à mon problème de santé. Aujourd’hui, je mets ma carrière pro entre parenthèses pour me consacrer pleinement à la préparation des Jeux paralympiques.
Peux-tu nous expliquer la nature de ton handicap ? Comment t'es-tu retrouvé en situation de handicap ?
Michael Herter : Je me retrouve en situation de handicap suite à l’opération d’une tumeur en 2015, située dans la moelle épinière et qui a eu pour séquelle une paralysie des membres inférieurs. Après une longue rééducation, j'ai récupéré partiellement l’usage de mes jambes. Pour faire simple, j’arrive à mobiliser le bas de mon corps sans le ressentir, même si mes mouvements restent encore limités.
As-tu pratiqué des sports avant le para triathlon ? Si oui, lesquels ?
Michael Herter : Avant mon opération, je pratiquais le football et la boxe américaine pour le loisir.
Depuis quand pratiques-tu le para triathlon ? Comment es-tu venu à ce sport ?
Michael Herter : L’éducateur sportif en charge de ma rééducation, Frédéric Schaffner, m’a transmis sa passion pour cette discipline. C’est donc tout naturellement que je me suis inscrit au Fast de Guebwiller, le club dans lequel j’évolue aujourd’hui, dans un objectif de sport santé afin de progresser encore d’un point de vue moteur.
Peux-tu nous raconter ton premier triathlon ?
Michael Herter : J’ai couru mon premier triathlon en 2017 sur le format Sprint de Belfort. J’ai apprécié ce que l’on ressent pendant l’effort. Cette adrénaline sur une course et le plaisir du dépassement de soi ont réveillé chez moi des sensations que j’avais oubliées.
Quels sont tes points forts et tes points faibles en para triathlon ?
Michael Herter : Je ne pense pas avoir de réels points forts même si la partie vélo est celle qui est la plus simple à gérer pour moi. En natation et en course à pied, le fait de ne pas ressentir mes jambes me pénalise pour les sensations et la motricité, ma concentration doit être accrue pour ces deux disciplines.
De quand date ta première expérience internationale ?
Michael Herter : Ma première course internationale était à Aguilas, en Espagne, le 6 mai 2018 sur la World Paratriathlon Cup.
Avant Swansea, quelle était ta meilleure performance ?
Michael Herter : D’un point de vue des chronomètres, la course à Alhandra en 2021 était ma meilleure performance. Mais cette année, j’ai couru sur le Garmin Triathlon de Paris et j’y ai validé des objectifs que nous nous étions fixés avec mon coach, Guillaume Jeannin. Les sensations étaient bonnes et m’ont prouvé que j’avais encore une belle marge de progression.
Est-tu satisfait de ta course à Swansea ?
Michael Herter : Swansea est mon meilleur chrono depuis que je suis sur le circuit international. Cependant, je suis mitigé quant à ma performance car après une natation à mon niveau, je suis resté dans ma zone de « confort » en vélo et en course à pied. Il faut encore que j’apprenne à repousser mes limites pour passer la ligne d’arrivée en ayant puisé toutes mes forces et mon énergie.
Quels seront tes prochains objectifs ?
Michael Herter : Plusieurs objectifs se profilent pour cette fin de saison. Je tiens d’abord à conserver mon titre de champion de France PTS3. Je courrai pour cela le 11 septembre à Saint-Jean-de-Monts. Je continuerai également à participer à des courses sur le circuit international pour continuer ma progression au ranking mondial et espérer être sélectionné pour les championnats de monde à Abu Dhabi. Par ailleurs, j’aimerais porter les couleurs de la France au sein de l’équipe pour la saison 2023. J'essaierai d’ici là de remplir les critères de sélection. Mon objectif à long terme est d’être médaillable sur les Jeux Paralympiques 2024.
As-tu de nombreux partenaires qui te soutiennent ?
J’ai aujourd’hui quelques partenaires qui me soutiennent. Cryostar et le Centre de Réadaptation de Mulhouse m’ont accordé leur confiance dès le lancement de mon projet Objectif Paris 2024. Le soutien apporté me permet de financer une partie de mes déplacements sur les courses mais je cherche encore un contrat professionnel qui me permettrait d’allier ma préparation sportive et une activité salariale.
As-tu d'autres passions que le triathlon ?
Je suis un touche-à-tout. Je m’épanouis tant dans le sport que dans les activités artistiques ou la découverte du monde par le voyage. Ma fibre sociale me permet de partager mon expérience avec des personnes de tous les âges. J’ai envie de donner autant que ce que j’ai pu recevoir lorsque j’en avais le plus besoin. Le triathlon est chronophage et prend beaucoup. Je préserve malgré tout du temps pour une randonnée entre amis, une intervention auprès d’enfants ou une esquisse de paysage.