CLÉMENT MIGNON : “J’AI VRAIMENT ENVIE DE COURIR DE NOUVEAU SUR LE FORMAT HALF IRONMAN”
Crédit photo : World Triathlon
Champion du monde longue distance à Ibiza cette année, Clément Mignon nous a livré ses sensations sur sa saison passée et ses objectifs pour 2024.
Depuis quand es-tu présent dans le milieu du Triathlon ? Comment es-tu venu à ce sport ?
J’ai commencé le Triathlon quand j’avais 15 ans, j’étais nageur avant et j’ai fait un sport étude en natation pendant quatre ans. A 15 ans j’ai participé à un Aquathlon donc j’ai pris ma première licence de Triathlon pour participer au championnat de France d’Aquathlon en catégorie minimes. Et c’est en 2015, que j’ai participé à mon premier triathlon.
Quel est ton bilan de l’année 2023 ? As-tu réalisé tous tes objectifs ?
C’est un bilan qui n’est pas négatif mais qui n’est pas positif non plus. Je m’attendais à mieux, c’était ma 3e année en professionnelle puisque j’ai débuté en 2021 en professionnel. Je suis très content du titre de champion du monde World Triathlon à Ibiza, le reste de la saison était un peu plus mitigé. Je suis un peu déçu de mes résultats de cette année par rapport à ceux des deux années précédentes. J’ai eu beaucoup de changements, dont un changement d'entraîneur, il a aussi fallu que le corps s’adapte à toutes ces nouveautés.
Est-ce que tu as repris l’entraînement ? Comment s’est passée ta coupure ?
J’ai fait 3 semaines de coupure et j’ai repris il y a près de 3 semaines. C’est la première fois que je fais une coupure avec très peu de sport (hors blessure), habituellement je faisais plus de repos avec une séance de sport par jour minimum. Cette année j’ai fait pas mal de journée sans sport, j’ai couru 2 fois en 3 semaines et je suis allé une fois à la piscine où j’ai fait 1000 mètres. C’est la première année où je me repose autant.
Crédit photo : World Triathlon
Tu n’as que 24 ans, c’est rare de voir des triathlètes si jeunes courir et performer sur des distances Ironman. Comment t’es-tu découvert cet attrait pour le longue distance ?
C’est rare mais ça le devient de moins en moins. De plus en plus de jeunes passent au longue distance en France et à l’étranger. J’ai commencé le long en juniors où j’ai essayé un half Ironman à Lanzarote sans préparation spécifique. J’étais inscrit en groupe d'âge et j’ai vraiment adoré, en plus j’ai fait un super résultat qui a sûrement aidé à me motiver à faire du longue distance. J’ai pris la 10e place au classement scratch professionnel alors que j’étais encore amateur. L’année suivante j’ai cumulé long et D1, mais je prenais plus de plaisir sur longue distance avec cet effort individuel et le fait de faire du vélo de chrono sur une distance aussi longue. J’ai basculé sur le long pendant la pandémie de Covid-19 en 2020 où j’ai pu beaucoup m’entraîner pendant le confinement.
Avant ta reconversion vers le Longue Distance, quelles étaient tes meilleures performances sur Courte Distance ?
J’ai fait 5e au championnat de France juniors en 2018, qui est mon meilleur résultat chez les jeunes. En D1 j’ai fait des Top 40 mais j’y couru jusqu’à mes 20 ans, j’ai également deux sélections en équipe de France sur des manches de coupe d’europe.
Cette année, tu as remporté le titre mondial. T’attendais-tu à ce succès ? As-tu réalisé la course parfaite ?
C’était un objectif de performer sur cette course, le premier objectif de la saison et le deuxième objectif était les championnats du monde Ironman à Nice. J’avais pas mal hésité à participer à la course parce que en même temps il y avait le PTO à Ibiza aussi. C’est Marjolaine qui m’a convaincu de faire les championnats du monde World Triathlon. Ces derniers n'ont lieu qu’une fois par an, c’est une véritable occasion à saisir. Ce n'était pas la course parfaite, j’ai fait une très bonne natation, j’ai enchaîné avec un bon vélo en étant devant. Je suis arrivé à T2 avec un concurrent Allemand et je suis tombé à l’entrée de la zone de transition. J’étais un peu sonné pendant 12 kilomètres à pied, plusieurs concurrents se rapprochaient et je me suis fait doubler donc j’étais 2e à mi-course à pied. Après j’étais de mieux en mieux et j’ai fait un super dernier 5km. J’ai pu finir très vite là où les autres ont craqué parce qu’ils étaient partis trop forts.
Crédit photo : World Triathlon
Tu as pu partager ton titre mondial avec celui de ta compagne, Marjolaine Pierré. Comment as-tu vécu les dernières minutes avant qu’elle passe la ligne d’arrivée ?
Durant la course on se croisait et j’avais des informations de l’extérieur qui me disaient qu’elle était en tête et qu’elle avait de l’avance. Je la vois quand elle pose le vélo et il y avait une boucle de 7-8 minutes avec un demi-tour et pendant ce temps je n’ai pas vu la 2e. Je savais à ce moment-là qu’elle avait énormément d’avance et qu’elle avait de grandes chances de gagner. Ca m’a aussi motivé de savoir que Marjolaine allait gagner quand j’étais deuxième donc j’ai tout donné pour qu’on gagne tous les deux et c’était super beau !
L’an passé, tu avais pris la 5e place à Samorin, penses-tu que le format était trop court pour que tu puisses exploiter pleinement tes capacités ?
Non, c’est un format qui me convient bien. Ce jour-là, j’ai fait une erreur stratégique en natation en étant complètement à droite avec un autre athlète, je lui ai fait confiance sur la trajectoire et on a perdu énormément de temps. A la sortie d’eau, j’avais beaucoup de retard, j’enchaîne en faisant un super vélo avec le troisième meilleur temps, mais j’avais dépensé trop d'énergie donc la course à pied n’était pas superbe. Je maintiens ma place à pied mais l’erreur en natation plus en course à pied m’ont coûté ce résultat.
Défendras-tu ton titre mondial l’an prochain ?
C’est compliqué de savoir à l’avance car on n’a pas encore toutes les dates des courses internationales, je sais que ça sera en Australie donc c’est un gros déplacement, mais bien sûr que j’y pense forcément.
Ta victoire sur l’Ironman de Nice était la première d’un Français depuis 2005. Est-ce une fierté supplémentaire de gagner dans son pays ?
Bien sûr, en habitant sur Nice c’est une fierté supplémentaire.
Comment analyses-tu ta 10e place au championnat du monde Ironman à Nice ? Qu’est-ce qui t’a manqué pour jouer le podium ?
C’était une course très positive comme négative, c’est bien pour avancer dans le futur. Le côté positif c’est que pour la première fois j’étais acteur de la course sur un championnat du monde Ironman. Je suis sorti de l’eau dans le groupe de tête, j’ai mené à vélo pendant 80 kilomètres. J’ai fait des erreurs sûrement au niveau de la nutrition, je n’ai pas pu m’alimenter correctement pour la suite de l’épreuve. Je suis déçu, j’avais beaucoup mieux dans les jambes ce jour-là, ce sont des erreurs d’avant course pas des erreurs faites pendant la course. J’étais en forme mais au fur et à mesure de la saison il me manquait quelque chose que j’avais les autres années et que je n’ai pas su retrouver cette année.
Est-ce que tu comptes te focaliser à 100 % sur la distance Ironman ou tu vas courir de nouveau sur le format 70.3 ?
J’ai fait beaucoup d’Ironman en 2023, ça fait peut-être partie des erreurs qui expliquent ma moins bonne forme de fin de saison. J’ai vraiment envie de courir de nouveau sur le format half Ironman. En 2024 je vais faire beaucoup plus de 70.3 même si j’ai pour objectif de me qualifier pour Hawaï et les championnats du monde Ironman. La distance half est très formatrice, ça permet de bien enchaîner, donc j'ai vraiment envie d’en refaire et de me qualifier pour les championnats du monde.
Est-ce que l’on te reverra courir sur une épreuve importante en France en 2024 ?
C’est possible, j’ai vu qu’il y avait les championnats de France à Vichy donc c’est une possibilité. Il y a de très belles épreuves en France mais il faut faire des choix et cela dépend des calendriers internationaux. J’aime beaucoup le triathlon de l’Alpe d’Huez et celui de Gérardmer qui est mon préféré donc il y a une possibilité également que j’y sois.
Quels seront tes objectifs pour 2024 ?
Je veux me qualifier pour les championnats du monde Ironman et 70.3. L’objectif est de performer à Hawaï et de faire mieux que sur les championnats du monde de 2022 et 2023 où j’ai fait 9e et 10e.
Tu as un homonyme qui a remporté plusieurs médailles mondiales en natation. Te confond-on avec lui ?
Oui, des personnes m’en ont parlé, on lui a déjà dit “ah tu t’es mis au Triathlon”. A moi on m’a dit que j’étais un super nageur donc ça arrive des deux côtés. Certaines fois, les gens ne comprenaient pas que je ne nage pas mieux en Triathlon, en pensant que j’étais lui.
Suis-tu attentivement les performances des athlètes de l’équipe de France Courte Distance ? A ton avis, combien de médailles vont-ils décrocher lors des JO de Paris 2024 ?
Oui bien sûr, j’ai toujours suivi et continuerai de les suivre. Je pense que s’il y a bien une année pour avoir des médailles ça sera à Paris au vu de la forme tant chez les femmes que chez les hommes. Il y a de plus en plus de densité au niveau international, mais c’est compliqué de faire mieux qu’actuellement avec autant de bons résultats. J’espère qu’il y aura au minimum une médaille chez les femmes et une chez les hommes.