Interview de Valentin Morlec, valeur montante du triathlon français
Photo : Claude Eyraud
Excellent pour ses débuts au plus haut niveau international l'an passé (7e des championnats d'Europe et 16e lors de sa première WTCS à Abu Dhabi), Valentin Morlec progresse de course en course. Le jeune Messin, âgé de 22 ans, vient de prouver qu'il était déjà en forme avancée en terminant 7e des 10 km de Cannes avec un excellent chrono (29'36). De bon augure pour le début de la saison de triathlon.
A froid, quel bilan fais-tu de ton année 2021 ?
Valentin Morlec : Honnêtement, l’année 2021 a été ma meilleure saison, que ce soit en termes de résultat ou d’apprentissage. L'année précédente, il avait été difficile d’estimer les progrès réalisés à cause du confinement et du peu de courses à se mettre sous la dent. C’est donc comme si d’un coup tout s’accélérait. J’ai réussi à être sélectionné pour participer à tous les championnats internationaux dans ma catégorie U23. La F.F.TRI. m’a fait confiance et m’a offert la possibilité de toucher au plus haut niveau en participant à ma toute première WTCS, ma toute première Coupe du Monde et à un Championnat d’Europe Elite. Même si ça fait un peu cliché, l’année dernière, c’est clairement un rêve de gosse qui est devenu réalité. Toutefois, ces opportunités m’ont permis de réaliser à quel point le chemin est encore long pour se faire un nom dans l’Elite du Triathlon mondial.
Comment s'est passée ta préparation hivernale ? Où l'as-tu effectuée ?
Valentin Morlec : Ma préparation hivernale s’est vraiment bien déroulée malgré quelques adaptations. J’ai la chance de vivre sur Saint-Raphaël qui reste un lieu privilégié pour s’entraîner durant l’hiver. Au mois de janvier, nous devions partir en stage à Fuerteventura, mais nous sommes finalement restés à la maison en raison de la crise sanitaire. Malgré cela, les conditions ont été très bonnes chez nous aussi. Il a été facile d’accumuler de bonnes semaines d’entrainements sur cette période. Par la suite, les règles imposées par la situation sanitaire s’étant assouplie, j’ai eu la chance de pouvoir repartir à la Réunion au mois de Février. C’était mon tout premier stage d’acclimatation à la chaleur et à l’humidité. Il m’a permis de récolter des données importantes sur l’adaptation de mon organisme face à ces conditions difficiles.
Était-ce ta première compétition de l'année à Cannes ? Quel objectif t'étais-tu fixé au départ de ces 10 km ?
Valentin Morlec : Cette course n’était pas la première compétition de l’année. J’avais déjà participé à une compétition de natation et aux régionaux de cross en complément de ma préparation hivernale. C’est aussi dans cette dynamique que j’ai abordé ce 10 km qui faisait office de séance d’entraînement. Mon objectif principal était le « sub30 » qui est une barre mythique à casser.
Au final, tu termines 7e de la course et 1er Français tout en battant ton record personnel (29'36). T'attendais-tu à un tel résultat ? As-tu réalisé la course parfaite ?
Valentin Morlec : A vrai dire, je n’avais aucune idée de ce que je pouvais donner ce jour-là compte tenu de la fatigue des entraînements et du manque de préparation spécifique. Au moment de l’échauffement, j’étais limite un peu inquiet sur ce qu’il allait se passer compte tenu de mes sensations. Finalement, une fois parti, je me suis juste focalisé sur ma gestion de course. Je suis passé au 5 km en 14’48. Je ne sais pas si on peut considérer la course parfaite, mais je suis vraiment satisfait sur ce que j’ai mis en place.
Comment expliques-tu cette progression en course à pied ?
Valentin Morlec : C’est vrai que depuis 2 ans j’ai passé un cap dans cette discipline. J’ai la chance d’échapper aux blessures et de pouvoir accumuler du volume sans pépin. Mon kilométrage peut suivre une progression normale et aujourd’hui je tourne autour de 70/80km en moyenne par semaine. Je fais rarement plus mais je suis capable d’être consistant toute l’année à ce volume.
Selon toi, as-tu également progressé dans les autres disciplines ?
Valentin Morlec : Les différents tests physiologiques réalisés tout au long de l’hiver ont permis de relever une bonne progression concernant la partie vélo. Des trois disciplines, c’est celle où j’accuse encore pas mal de retard donc je suis content de combler petit à petit ce bémol. J’ai hâte de voir ce que bout à bout tout ça va donner sur un triathlon.
Où as-tu prévu de faire ta rentrée en triathlon ?
Valentin Morlec : L’ouverture de ma saison se fera à l’occasion de la Coupe d’Europe Elite de Quarteira au Portugal (le 26 mars prochain). C’est un triathlon qui se dispute sur le format olympique. J’aime y courir car généralement c’est un déplacement facile en termes de logistique. Cette course est également intéressante parce que les Courtes Distances se font de plus en plus rares. Ils sont donc généralement bien relevés.
Quels seront tes objectifs pour 2022 ? Auras-tu l'occasion de participer à plusieurs étapes de WTCS ?
Valentin Morlec : Cette année je me fixe deux principaux objectifs. L’athlète U23 souhaite se qualifier et retourner une dernière fois défendre sa chance sur le Championnat du Monde U23. Cependant, il me semble important de commencer à préparer la suite, l’après « catégorie jeune ». Il me faudra saisir les chances qui me seront proposées pour marquer un maximum les esprits dans la cour des grands. J’espère participer à la WTCS de Yokohama début mai. Pour la suite, nous verrons bien.
Une sélection pour les JO de Paris 2024 te semble-t-elle à portée de la main ?
Valentin Morlec : C’est sûr que les JO à Paris donnent envie. J’aurai 25 ans et je serai en pleine force de l’âge, mais il faut être réaliste et ne pas griller les étapes. A l’heure actuelle je n’ai encore rien prouvé pour me sentir légitime ou être sélectionné à quoi que ce soit. J’ai encore pas mal de boulot pour arriver au niveau de ceux qui ont la chance de participer à ce genre d’événement. D’ailleurs, je dois admettre que des athlètes comme Vincent Luis ou Pierre Le Corre, qui ont passé la trentaine, montrent encore qu’ils sont là et qu’ils ne sont pas prêts à laisser leur place. Finalement aujourd’hui, je dois rester lucide et me concentrer sur ma progression en montrant des choses sur des courses de plus en plus relevées.